Photographies d'hier et d'aujourd'hui.

Images d'hier, cartes postales anciennes, vieux documents et photos personnelles récentes...

Les liaisons entre Groix et le continent.

 

On peut dire, presque sérieusement, que l’histoire des liaisons maritimes entre Groix et le continent a commencé au Vème siècle, lorsque Saint Gunthiern y débarqua, en provenance d’un des royaumes de Cambrie (l’actuel pays de Galles) pour y vivre une vie d’ermite avant de devenir l’un des grands saints fondateurs de la Bretagne chrétienne ; ou que Saint Tudy, fuyant les hordes barbares d’Irlande y arriva à bord de son vaisseau de pierre … Mais les documents manquent !

Plus récemment, on trouve trace de liaisons régulières assurées, entre Port-Louis et Groix, par La Jeanne, appartenant au groisillon Joseph Simon au XVIIème siècle, puis par Les-deux-Mailles, un ancien sardinier appartenant à Marc Jégo (dit « Père Mille-Mailles") au XIXème siècle.
 

Au XIXème siècle, la chaloupe des douanes est souvent utilisée par le médecin ou par des notables afin d’assurer le lien entre Groix et le continent ; ainsi, dans la nuit du 14 décembre 1825, Monsieur Lestrohan, médecin des épidémies de l’arrondissement de Lorient qui avait été appelé pour soigner une maladie contagieuse, repartait pour Lorient à bord de la chaloupe des douanes, en compagnie du patron Jean-Marie Stephant, de 3 matelots et de 3 passagers dont 2 femmes : pris par une violente tempête au milieu des Coureaux, ils sont jetés sur des rochers puis sur la côte de la presqu’île de Gavres ; tout le monde peut débarquer, il n’y a pas de victime ; un ex-voto a été placé, en remerciement, dans la chapelles ND de Placemannec à Locmaria en 1826. Il y est toujours visible.

La vapeur prend le relais avec le Tony à partir de 1873 : navire de 18 mètres, propulsé par une machine à vapeur de 80 CV, commandé par le capitaine Pierre-Marie Nero, appartenant à la « Compagnie des Vapeurs Port-Louisiens » ; il est désarmé en 1910. Les traversées étaient souvent acrobatiques : ainsi, lorsque le ressac l’empêchait d’aborder à Port-Tudy, le capitaine Nero mouillait sous le fort Lacroix et portait les passagers sur son dos pour les débarquer sur la plage …

Le Tony à quai à Lorient

On retrouve d’éphémères participations de l’Angèle, du Duc-de-Kermarec, de la Sophie-Célestine, de l’Armoricain (acheté en 1893 par le capitaine Martin Raude, sous l’impulsion de l’Abbé Noël et de la « Croix de Groix » : première tentative d’armement groisillon pour faire concurrence aux Vapeurs Port-Louisiens). Finalement, la relève est assurée par le Port-Tudy en 1902 : construit à Chantenay sur Loire, il mesure 20 mètres, est confortable pour les passagers mais ne possède pas de timonerie intérieure ; sa cheminée arbore les couleurs des armements port-louisiens (bande blanche surmontée d’une bande rouge).



Le Port-Tudy  en route vers Lorient

Mais dès 1901, toujours à l’initiative de l’abbé Noël, Groix se dote de sa compagnie de navigation, l’ « Union Groisillonne », présidée par Adolphe Stephan ; elle met en chantier un navire de 25 mètres, l’Ile-de-Groix, qui effectue son entrée triomphale à Port-Tudy le 30 juin 1901, commandé par Charles Bihan ; il est baptisé par le recteur de l’île devant une foule considérable. Il est propulsé par une chaudière à charbon et une machine alternative de 200CV ; il peut transporter 125 passagers (dans des conditions de confort inégalées) et 24 tonnes de fret à une vitesse de 10 nœuds. Sa cheminée porte une bande chamois et les lettres UG. Il restera en service jusqu'en 1959 (après rénovation et remotorisation en 1932) ; 58 ans de service, un record !



L'Ile de Groix quitte Lorient et passe devant le Calédonien, navire école de la Marine Nationale

La concurrence est rude entre « Compagnie des Vapeurs Port-Louisiens » et « Union Groisillonne » amenant même à un abordage entre le Port-Tudy et l’ Ile-de-Groix le 21 avril 1904. Finalement les deux compagnies fusionnent en 1905, donnant naissance à l’« Union Lorientaise Groisillonne et Port-Louisienne » qui exploite les deux navires, puis le Pen-Men en 1931, en remplacement du Port-Tudy ; c’est un navire en bois de 23 mètres, jaugeant 93 tonneaux, équipé d’un moteur diesel de 150CV. Puis vient le Pen-er-Vro en 1934 : 28 mètres, 120 tonneaux, diesel de 300CV, filant 11 nœuds.


Le Pen-er-Vro

Après la guerre, le Pen-Men 2 est mis en service en 1949, l’Ile-de-Groix 3 en 1960  ; ce dernier navire mesure 31,8 mètres, jauge 182 tonneaux, est propulsé à 11,5 nœuds par un moteur diesel de 540CV. Il peut embarquer 300 passagers, 30 tonnes de fret et quelques voitures. Puis vont venir le J.P.-Calloch en 1969, le Kreiz-er-Mor de 1977 à 2008, le Saint-Tudy en 1985 (44,5 mètres, 11,6 noeuds, 350 passagers), enfin l’Ile-de-Groix, quatrième du nom, en 2008, qui mesure 46 mètres, marche à 12,5 noeuds, embarque 450 passagers et 32 voitures. Nous voici rendus à l'ère « moderne », ces deux derniers navires sont aujourd'hui en service.

Le Saint-Tudy au départ

Mais quelle évolution en à peine plus d'un siècle : du Tony à l'actuelle Ile-de Groix, on passe de 18 à 46 mètres, de 80CV à deux fois1326 kW ! Et on ne débarque plus guère porté à dos d’homme sur la grève du fort Lacroix !




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