Photographies d'hier et d'aujourd'hui.

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Crozet

 

 
 

 

Lorsque, le 13 janvier 1772, Marc-Joseph Marion Dufresne et son second, Julien Crozet, à bord du Mascarin, découvrent une terre, ils pensent qu’il s’agit là d’une avancée de ce fameux continent antarctique, la "terra australis incognita" que Bougainville ne découvrit jamais, escale de rêve sur la route des épices ; c’est l’enthousiasme. Malheureusement, ce n’est qu’un archipel et deux îles sont baptisées Ile de l’Espérance et Ile de la Caverne (aujourd’hui sud africaines sous les noms d’Ile Marion et Ile du Prince Edouard). Le 22 janvier, ils découvrent les Iles Froides (Ile aux Cochons, Ilot des Apôtres, Ile des Pingouins), puis l’Ile de la Prise de Possession. Crozet débarque pour élever un cairn avec une bouteille contenant un parchemin marquant la prise de possession française dans l’actuelle baie Américaine ; ils mouillent ensuite dans l’actuelle baie du Marin, sur ce qui est aujourd’hui l’Ile de la Possession de l’archipel des Crozet ; ils font le tour de l’Ile Aride (actuelle Ile de l’Est). Ils remontent ensuite vers la Tasmanie puis la Nouvelle Zélande. Marion Dufresne est tué puis dévoré par des Maoris (après avoir involontairement profané un arbre sacré) dans la baie des Iles, le 12 juin 1772.

Au XIXème siècle, l'archipel des Crozet a servi de base aux baleiniers et aux chasseurs de phoques.

La souveraineté de la France a été affirmée en 1923 et l'archipel est administré par les TAAF (Terres Australes et Antarctiques Françaises) depuis 1955.

Actuellement, Crozet abrite une mission permanente, depuis 1963, sur l'île de la Possession : la base scientifique Alfred Faure (nom du chef de la première mission) abrite 22 personnes l'hiver, 30 l'été.
 


L'Ile de l'Est dans les nuages.

 

                     


Quoi de plus « littéraire » que ces manchots ? Anatole France l’avait déjà bien compris lorsqu’il écrivait « L’île des pingouins » : « Nous appelons pingouin, en français, un oiseau des régions arctiques appartenant à la famille des alcidés ; nous appelons manchot le type des sphéniscidés habitant les mers antarctiques. Ainsi fait, par exemple, M. G. Lecointe dans sa relation du voyage de la Belgica : « De tous les oiseaux qui peuplent le détroit de Gerlache, dit-il, les manchots sont certes les plus intéressants. Ils sont parfois désignés, mais improprement, sous le nom de pingouins du sud. » Le docteur J.-B. Charcot affirme au contraire que les seuls et les vrais pingouins sont ces oiseaux de l’antarctique que nous appelons manchots, et il donne pour raison qu’ils reçurent des Hollandais, parvenus, en 1598, au cap Magellan, le nom de pinguinos, à cause sans doute de leur graisse. Mais si les manchots s’appellent pingouins, comment s’appelleront désormais les pingouins ? Le docteur J.B. Charcot ne nous le dit pas et il n’a pas l’air de s’en inquiéter le moins du monde. » Et plus loin : « Entre mes pingouins et ceux de M. J.-B. Charcot, quelles que soient les dissemblances, les ressemblances apparaissent plus nombreuses et plus profondes. Ceux-ci comme ceux-là se font remarquer par un air grave et placide, une dignité comique, une familiarité confiante, une bonhomie narquoise, des façons à la fois gauches et solennelles. Les uns et les autres sont pacifiques, abondants en discours, avides de spectacles, occupés des affaires publiques et, peut-être, un peu jaloux des supériorités. » Ou encore : « Or, ce qu’il avait pris pour des hommes de petite taille, mais d’une allure grave, c’étaient des pingouins que réunissait le printemps, et qui se tenaient rangés par couples sur les degrés naturels de la roche, debout dans la majesté de leur gros ventre blanc. Par moments ils agitaient comme des bras leurs ailerons et poussaient des cris pacifiques. Ils ne craignaient point les hommes, parce qu’ils ne les connaissaient pas et n’en avaient jamais reçu d’offense … »
 

Le manchot de Crozet, comme celui de Kerguelen, est un manchot royal : 90cm de haut, vrai petit bonhomme, pesant, adulte, 13kg, il plonge jusqu’à 300 ou 400m de profondeur, jusqu’à près de 100 fois par jour, en apnée pendant 6 à 7 minutes ; il peut aller chercher sa nourriture jusqu’à 300 km de sa colonie ; 600000 couples sont abrités sur les îles subantarctiques, malgré skuas, pétrels géants, orques, lions marins ou léopards de mer qui ne demandent qu’à les dévorer ! Ce sont des oiseaux dont les ailles se sont atrophiées, couverts d’une association de plumes, de duvets et d’écailles. Ils vivent en couple, le père et la mère partant pour de longues virées chercher la nourriture, cependant que l’autre couve ou veille le « petit dernier » ; dans les plus grandes colonies, ils se retrouvent comme par miracle, au premier cri, au milieu de milliers de leurs collègues. Le « petit » manchot, gros bibendum, un peu ridicule, est recouvert d’un duvet marron parfaitement laid qu’il perd progressivement à l’âge de un an.

 


Elephant de mer au milieu des manchots, Baie du Marin


 

            

    Manchot papou                                                                                                                                      Manchot royal nourissant son "petit"


 




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