Photographies d'hier et d'aujourd'hui.
Images d'hier, cartes postales anciennes, vieux documents et photos personnelles récentes...
Oiseaux du grand sud.
S'il est une chose fascinante dans les latitudes sub-antarctiques, c'est bien les oiseaux : ils sont nombreux, curieux et peu farouches (ils ne sont pas chassés et ne craignent pas l'homme). Leurs espèces sont innombrables, mais , indiscutablement, les plus beaux sont les albatros !
Albatros à sourcils noirs.
L'albatros géant ou hurleur (Diomedea exulans) mesure de 2m50 à 3m50, pèse 6 à 11kg, un monstre, avec un petit œil rond attentif et « bienveillant », un peu le roi et l’oiseau ! Il vit en haute mer, ne revenant à terre que pour nicher ; il se nourrit de calmars ou de poissons pêchés en surface ; il peut aller pêcher jusqu’à 3200 km du nid, parcourant des distances énormes uniquement en planant (en l’absence de vent, il vole peu et se pose sur la mer ; il vit au moins 60 ans, est strictement monogame (après de longues et spectaculaires parades nuptiales). C’est le seigneur de ces mers, majestueux, impérial, frôlant la vague, piquant au ciel, plongeant vers la surface, sans un seul coup d’aile.
Albatros géant.
Albatros à sourcils noirs: on dirait Horus nous regardant, pauvres mortels, avec le sourcil froncé...
Plus fréquent, presque aussi beau, l’albatros à sourcils noirs (Diomedea melanorphis) est un peu plus petit ; une zone sombre entoure l’œil, dessinant un sourcil froncé caractéristique, lui donnant un air perpétuellement coléreux et sévère, tel Horus ; dans les zones subantarctiques, ils sont particulièrement communs, mais on en voit, essentiellement des juvéniles, au large du Brésil.
Albatros fuligineux, plus petit mais, pour moi, l'un des plus beaux !
Peut-être le plus beau, pour moi, reste l’albatros fuligineux (Phoebetria palpebrata), plus rare, plus petit mais à la magnifique couleur gris sombre avec un dos cendré ; il présente un cercle péri orbitaire blanc qui lui donne une allure d’yeux bleu clair ; il a une allure particulièrement gracieuse en vol !
L'air beaucoup moins sympathique, un pétrel géant, vrai charognard des mers !
Un pétrel à menton blanc.
Un goëland dominicain à Crozet.
Les oiseaux marins étaient en danger dans les zones subantarctiques. La cause en était essentiellement la pêche, en particulier à la légine ; le chalut, particulièrement meurtrier pour les oiseaux a été remplacé par la palangre, mais cette dernière reste dangereuse pour les oiseaux qui sont attirés par les appâts et meurent noyés au filage de la ligne ; pour cette raison une réglementation oblige à ne filer les palangres que la nuit et à embarquer un contrôleur des pêches, ce qui ne résout bien entendu pas les dégâts liés à la pêche illicite (une estimation faite la CCAMLR parlait de 19400 à 46200 oiseaux tués en 2000-2001 par les navires « illicites » ; une autre estimation parlait de 50.000 oiseaux ; Greenpeace parlait de 300.000 oiseaux tués en 4 ans, 15% des morts de certaines populations d’albatros étant liés aux pêcheurs illicites). A l’heure actuelle, du fait de la pression exercée par la marine nationale, les navires « pirates » ont quasiment disparu et ces espèces menacées (particulièrement l’albatros d’Amsterdam) se repeuplent.
Le 22 septembre 1887, un albatros, épuisé, est découvert sur la plage de Fremantle (côte occidentale de l’Australie). A son cou, une plaque de fer blanc avec, gravés, ces mots : « Treize naufragés français sont réfugiés à Crozet, 4 août » : 49 jours après, l’albatros a livré son message à 5500 km de là ! La Meurthe, basée à Madagascar, est prévenue et quitte la grande île le 18 novembre 1887 et arrive à l’Ile des Cochons le 1erdécembre 1887 où elle découvre un message des survivants du Tamaris(naufragé le 9 mars 1887), disant qu’ils ont quitté cette île en essayant de rejoindre l’Ile de la Possession. Ils ne seront jamais retrouvés. Ce que l’albatros avait fait en 49 jours aura été effectué par les différents moyens de communication de l’époque puis par l’aviso français en 70 jours ! Un timbre édité par les TAAF en 1994 a remémoré l’histoire du Tamaris, de son naufrage et de l’albatros porteur de SOS